
Le festival de Cannes met bien souvent en appétit filmique en dévoilant des long-métrages qui promettent de vous éblouir, de vous questionner, de vous émouvoir. Mais la croisette à ceci de frustrant qu’elle ne permet pas à chacun de découvrir les œuvres sélectionnées dans l’immédiat, il faut parfois attendre longtemps.
C’est le cas de Connemara, le dernier film d’Alex Lutz qui sort – enfin – en salle ! Ne vous y trompez pas, il ne s’agit ni d’un biopic sur Michel Sardou, ni d’un roadtrip en Ecosse, mais de l’adaptation de l’œuvre de Nicolas Mathieu.
Préparez-vous à observer les tumultes de la vie.
Je ne lis que trop peu et je découvre certains romans (ou du moins leur adaptation) sur le grand écran. Je n’ai pas modelé les personnages dans ma tête avant de les voir apparaitre dans une scène, je n’ai pas figuré les décors, l’univers et les actions avant de m’installer dans les salles sombres. J’arrive sans attente précise, je découvre avec plaisir. Et cette semaine, c’était avec une impatience non dissimulée que je partais à la rencontre d’une nouvelle adaptation d’un roman de Nicolas Mathieu, cette fois portée par l’acteur/réalisateur à qui l’on doit le merveilleux film Guy.
L’histoire d’une quadragénaire qui revient au bercail, à ces racines qu’elle avait quittées pour Paris en rêvant d’émancipation et de liberté. Mais l’épuisement l’aura ramenée à cet endroit, la ramenant également à d’autres questionnements.

Dans Connemara, Hélène a toujours avancé portée par une promesse d’émancipation – cette “carotte au bout d’un bâton” qui l’a menée loin de ses origines, vers une vie bien (trop) réglée. Lorsqu’elle revient dans sa région natale, quelque chose vacille. Une rencontre ravive un vieux fantasme adolescent, et avec lui l’idée d’une autre vie possible. Nouveau souffle ou simple mirage ? D’un monde à l’autre, Hélène peine à se trouver. Dans ces deux vies qui l’attendent ou l’entourent, elle étouffe, aveuglée par un désir de liberté et d’accomplissement.
Pour cette quadragénaire qui avance en plein brouillard, les carottes sont cuites. Des carotte comme un symbole d’une promesse qu’elle s’efforce d’atteindre, mais qui semble toujours se dérober, créant à la fois espoir et étouffement.

Les carottes (au bout du bâton) cuites à l’étouffée
Une botte de carotte
Une poignée de mirabelles en compotée pour les racines vosgiennes pas toujours stables
Une poignée d’amandes grillées pour le croquant
Nettoyez vos carottes et coupez les en deux ou en quatre dans le sens de la longueur.
Disposez dans un plat, ajoutez nu filet d’huile de noisette et une pincée de sel. Refermez le plat et enfournez 1h30 à 150°C. Rien de plus !
Pendant ce temps, préparez votre compotez de mirabelles avec la même simplicité : dénoyautées, dans une casserole avec un peu d’eau et laissez cuire une demi heure.
Une fois les cuissons terminé, il ne vous reste plus qu’à dresser. Quelques cuillères de compotée de mirabelles sur lesquelles vous ajouterez les carottes cuites à l’étouffée. Terminez avec un filet d’huile de noisettes, les amandes concassées, quelques quartiers de mirabelles fraiches et, pour les adeptes, de feta émiettée.
Alex Lutz réalise avec Connemara un film puissant et nuancé, porté par des interprétations justes et sincères. Au-delà de son récit, c’est toute une palette de thèmes profonds (la quête d’émancipation, les liens familiaux complexes, les fragilités humaines) qui viennent émouvoir.
Une mention spéciale aux personnages incarnés par Clémentine Célarié et Jacques Gamblin. Bouleversants.

🔍 À (re)découvrir : “Connemara, retour au pays et blessures d’adolescente”, l’entretien d’Alex Lutz et de l’équipe du film sur le plateau de C à vous (10min)