
Il y a deux types de films qui débarquent avant Noël. Ceux qui sentent la cannelle et les bons sentiments emballés sous cellophane. Et puis il y a les autres, plus discrets, plus malins, qui préfèrent parler d’amour et de ses complexités.
Eternity prend le second chemin. Celui d’une comédie romantique légère, mais jamais sucrée à l’excès. Un film qui préfère la finesse à la guimauve, l’ironie douce aux grandes leçons de vie.
On y parle d’amour, évidemment, mais surtout de ce que l’amour devient quand on lui enlève ses promesses faciles. Quand le “pour toujours” n’est plus un idéal, mais une contrainte à interroger. Avec son humour délicat et son dispositif original, le film propose une vision étonnamment humaniste des sentiments. Une romcom un peu décalée, presque conceptuelle, qu’il serait dommage de ne pas aller rencontrer au ciné ! Prêts ?!
Le triangle amoureux est un motif bien connu du cinéma. Réinterprété récemment dans Materialists, où il était traité de manière très ancrée dans le réel, presque sociologique, Eternity choisit une approche radicalement différente : ici, le dilemme amoureux se joue… dans l’au-delà.
Le film imagine un espace suspendu, hors du temps, où les âmes doivent faire un choix définitif avant de passer à l’étape suivante. Et forcément, quand l’éternité entre en jeu, aimer devient une décision autrement plus vertigineuse. Le triangle n’est plus seulement une question de désir ou de compatibilité, mais un problème existentiel : peut-on vraiment choisir une seule version de soi pour toujours ?
David Freyne s’empare de cette idée avec beaucoup de légèreté et d’élégance. Il évite soigneusement le manichéisme et transforme le triangle amoureux en terrain de réflexion sur le temps, le regret, et la multiplicité de nos vies possibles.

Dans Eternity, Joan se retrouve dans un au-delà où une décision s’impose à elle : choisir lequel de ses deux maris l’accompagnera pour l’éternité. D’un côté, l’homme avec qui elle a vécu un amour intense, mais brutalement interrompu par la guerre. De l’autre, celui avec qui elle a construit la suite de sa vie ; une famille, des habitudes, d’autres souvenirs, plus calmes mais tout aussi profonds.
Le film ne hiérarchise pas ces deux relations et refuse toute lecture simpliste. Ces deux amours ont façonné Joan, chacun à leur manière, et c’est précisément ce qui rend son choix impossible. Comme un cake marbré, sa vie est faite de couches entremêlées : des contrastes mais un seul ensemble cohérent et savoureux, né de deux histoires qui, ensemble, composent tout ce qu’elle est.

Le cake marbré ultra moelleux de Joan
Avec un goût vanille pour l’homme lisse et parfait nommé Luke, et un goût chocolat pour l’homme de caractère nommé Larry.
d’après une recette parfaite signée Lilie Bakery (à retrouver sur son blog – ne restera qu’à doubler les proportion et ajouter un glaçage chocolat noir pour une note encore plus gourmande)
Eternity est une comédie romantique qui fait le pari de la simplicité intelligente. Le film est drôle, tendre, parfois mélancolique, mais jamais cynique. Il interroge l’amour sans chercher à le définir, et préfère poser des questions plutôt que d’imposer des réponses.
Sa grande réussite tient à cette idée simple mais redoutable : l’éternité n’est pas forcément une promesse, elle peut aussi être un poids. En refusant les conclusions faciles et les choix évidents, le film propose une variation subtile et bienvenue sur le genre. Ce n’est pas une romcom qui cherche à bouleverser le cinéma, mais une qui regarde l’amour avec suffisamment de recul, de douceur et de lucidité pour rester longtemps en tête.

À (re)découvrir : La promo du trio d’acteurs de For Eternity, répondant à quelques questions impossibles au micro d’A24 (2min)