Certains ne jurent que par le cinéma de genre, les épopées fantastiques ou les comédies romantiques. Moi, ce sont les films de procès qui me rendent extatique !
Ces films qui, sans avoir besoin de décors extraordinaires ou d’artifices complémentaires, font de la parole le pilier de leur scénario tout entier. En quelques rhétoriques, en un plaidoyer, ils jouent avec notre imaginaire, notre morale et installent le doute. Un film de procès (réussi) est toujours une séance intense.
Cédric Kahn le démontre à son tour avec sa dernière réalisation qui s’appuie sur un célèbre fait divers : Le Procès Goldman.
Nous sommes en 1976, le procès en seconde instance de Pierre Goldman s’ouvre. L’homme que l’on qualifie sans peine de juif polonais, d’extrémiste et de bandit est accusé d’avoir commis des vols à main armée, dont l’un d’eux aurait entrainé la mort de deux pharmaciennes. Si l’homme assume la majorité des méfaits qui lui sont reprochés, il clame en revanche son innocence dans l’affaire du Boulevard Richard Lenoir. Un gangster oui, un meurtrier : jamais !
Pierre Goldman est un homme charismatique, provocateur, amateur de bons mots, qui se rêve révolutionnaire et ne recule pas devant l’imposante institution. C’est un homme fier qui refuse d’être jugé pour sa personnalité grinçante mais s’inquiète d’être véritablement jugé pour les faits.
Accompagné par Georges Kiejman, un jeune avocat tenace et méticuleux, ils vont s’introduire dans le théâtre de la justice pour plaider l’innocence de l’homme qui risque l’échafaud.
Goldman est retord et ne compte pas se laisser faire. Animé par ses idées et son dégoût de la mise en scène, il prend la parole et fait sa propre défense. Avec panache et quelques maladresses, avec hargne et férocité, surtout.
Pour l’accusé, on s’attaquera à un féroce d’avocat pimenté et coloré de nombreuses origines qu’il tend à embrasser et à défendre.
Le féroce d’avocat de Pierre Goldman
1 avocat mur (pour sa défense)
100g de morue dessalée
Quelques pousses d’oignons rouges pour le costume coco
1/2 citron vert
1/2 gousse d’ail
2 petits piments oiseaux fumés pour l’explosif chant du cygne mis à mal par la justice
Dessalez votre morue et faites la grillez à la poêle. Dans un mixeur, versez-y vos avocat, votre morue émiettées, les oignons rouges ciselés, les petits piments, l’ail haché et le jus de votre demi citron pressé. Mixez jusqu’à l’obtention d’un pâte homogène (on ne rajoutera pas de farine dans cette version pour opter pour un appareil plus fluide, idéal en tartinable). Corrigez l’assaisonnement si nécessaire.
Réservez dans un petit bol, parsemez d’oignons rouges, de graines de tournesol grillées et de zeste de citron. Ne reste plus qu’à dévorer votre féroce sur une tranche de pain à la châtaigne – clin d’œil à tous les coups encaissés dans le box des accusés.
Si Le Procès Goldman nous invite à prendre la place de juré et à découvrir un à un les arguments des deux camps, à décrypter un à un les témoignages des témoins, on s’apercevra qu’il n’est pas question de juger un homme et sa moralité, mais le système judiciaire lui-même.
Cédric Kahn signe ici un très grand film à découvrir en salle.
🔍 À (re)découvrir : Guérillero, bandit…et frère de Jean-Jacques, l’histoire de Pierre Goldman par Brut (9min)