THE SUBSTANCE – LES GAUFRES ROUGES D’ELISABETH SPARKLE ET SUE

L’édition 2024 du Festival de Cannes n’a pas fini de se distiller sur les grands écrans pour cette fin d’année. Après avoir (enfin) découvert Anora et L’Amour Ouf, il était temps de se diriger vers un troisième film très attendu de la sélection et un troisième genre aussi, The Substance, joliment auréolé du Prix du Scénario.
Bienvenue dans le monde monstrueux de Coralie Fargeat où le body horror rencontre la satire avec option aérobic et gros plans fessiers.

Coralie Fargeat n’en est pas à son premier essai. Déjà remarquée avec son premier film Revenge, on attendait le prochain long de cette réalisatrice française que le corps et les entrailles n’effraient pas. Au contraire. La cinéaste donne corps à ses idées et à ses dénonciations par la chair qu’elle étire, fusille et transforme.

Dans The Substance, on découvre une reine des écrans en proie au doute lorsque la lourde sentence de l’obsolescence liée à son âge lui explose au visage. 50 ans et le couperet tombe : elle sera remplacée, pas un (autre) objet du désir, plus jeune et plus frais. Comment accepter de ne plus être quand on existe qu’à travers le regard des autres ? Comment imaginer vivre sans l’approbation, les flatteries et les paillettes ?  
Elisabeth Sparkle n’est pas prête à oublier les projecteurs et compte bien illuminer le monde par sa présence en faisant confiance à The Substance qui promet de la réinventer en une meilleure version d’elle-même

The Substance serait-elle la solution à l’insoluble question de la jeunesse éternelle ? C’est l’expérience cynique et monstrueuse à laquelle se prête la reine du fitness du petit écran pour devenir sa propre relève. Elizabeth devient Sue, Sue redevient Elizabeth et le cercle de l’image se met en place avec ses propres règles.
Pour la matrice et sa version 2.0, on imaginera une recette salée comme le propos du film avec une gaufre tomatée pour rappeler les cases de la société dans lesquelles elles tentent de se contorsionner (et le gaufrage – attendu – de l’expérience).
La dominance de rouge ? Je vous laisse deviner 😉

Autant l’annoncer, je suis sortie de la séance de The Substance complètement secouée. Il faut dire que le body horror n’est pas timide et qu’il faut parfois (souvent) s’accrocher pour ne pas détourner l’œil de l’écran.
Ici, Coralie Fargeat porte un message fort sur les déviances de la jeunesse éternelle et sur ce que la validation individuelle par le regard des autres dit de nous. Si je regrette le surlignage constant du sujet, son image clipesque et le manque de subtilité, le casting est remarquable et la résonnance reste puissante. À découvrir en salle !

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