3 mois après son sacre à Cannes, La Palme d’Or de l’année, Anatomie d’une chute de Justine Triet, fait son entrée dans les salles obscures.
En 3 mois, la curiosité autour du film n’a cessé de grandir, n’en déplaise aux polémiques liées aux discours du grand soir. Décrit comme un chef-d’œuvre intense et vertigineux par quelques chanceux qui l’ont découvert sur la croisette, j’attendais impatiemment de me faire une opinion sur le nouveau long-métrage de la réalisatrice française.
Anatomie d’une chute annonce par son titre la teneur de son sujet. Ce film de vie et de procès n’a pas (seulement) vocation à disséquer la dégringolade du corps d’un individu. Il s’intéresse avant tout au fonctionnement et à l’effondrement d’un homme, d’un couple et d’une famille.
Tout s’apprête à s’écrouler devant nous. Nous qui ne savons encore rien de ce qu’ils sont, de ce qu’ils traversent et de qu’ils vont devoir dévoiler aux yeux de tous.
C’est dans un chalet perdu en montagne que Sandra, Samuel et leur fils malvoyant Daniel se sont installés il y a un an. Elle, écrivaine accomplie, lui, auteur de projets inachevés.
C’est dans ce décor calme en apparence que se joue le drame. Un jour, le corps de Samuel est retrouvé sans vie, gisant dans la neige. Aucune explication, un mystère intacte et une enquête qui s’ouvre pour connaitre les circonstance de sa mort. Meurtre ou suicide, le procès s’ouvre un an plus tard pour dénouer l’affaire devant leur fils et la justice.
Au fil des témoignages et des questionnements, le cheminement se trouble, la tension s’intensifie et le doute s’installe.
Anatomie d’une chute dresse le portrait d’une femme inculpée du meurtre de son mari. La jalousie de leur vies professionnelles, la rivalité de leur place au sein de la famille : chaque élément le plus intime et le plus féroce est déchiqueté sans pudeur.
Cru et cruel, on imaginera un tartare aux notes amères pour celle qui joue sa vie à la barre des accusés.
Le tartare de bar de l’accusée
200g de filet de bar
4 à 5 suprêmes de pamplemousse pour l’amertume
Quelques graines de grenade pour l’explosion du couple
Le zeste d’un demi citron vert pour l’acidité du procès
3 gouttes (de crème de balsamique) pour intensifier le doute
Une dizaine de câpres
Quelques olives vertes
Quelques feuilles de basilic
Fleur de sel et poivre noir
Tout sera affaire de coupes, de mélanges (d’informations) et de saveurs subtiles… Commencez par couper votre bar en cube. Faîtes de même avec vos suprêmes de pamplemousse, émincez vos oignons nouveaux, hachez vos câpres et vos olives et zestez votre citron vert. Déposez chaque ingrédient dans un bol, mélangez sans vergogne et assaisonnez avec un filet d’huile d’olive, sel et poivre.
Déposez dans une assiette, ajoutez les explosions de grenade et quelques feuilles de basilic.
Et surtout, n’oubliez pas les 3 gouttes.
Justine Triet, dont les précédents films m’avaient déjà éblouie, atteint ici une pleine maitrise de son sujet et de son art. On navigue avec précision entre les émotions sauvages d’un couple et l’examen de chaque morceaux de vie par la cour.
Impudique et terriblement violent, Anatomie d’un couple s’inscrit sans difficulté dans la liste des films qui vous suivent longtemps après la séance, vous interrogent et vous remuent.
La réalisation est aussi méticuleuse et réussie que les acteurs sont immenses. Un très grand film !
🔍 À (re)découvrir : L’entretien de Justine Triet pour Anatomie d’une chute par Sens Critique (4min)
Oui ,un très grand film.
<3