PRISCILLA – LE CLAFOUTIS AUX MYRTILLES DE PRISCILLA PRESLEY

Septembre 2024, c’est Papa Coppola qui est à l’honneur dans tous les cinémas avec la sortie de son maxi Mégalopolis. Mais en attendant de le découvrir en salle, revenons sur le dernier long-métrage de sa fille prodige, Sofia Coppola.
En 2023, elle nous invitait à découvrir la femme de l’ombre derrière The King, la discrète et délicieuse Priscilla. Un portrait de femme remarquable qui filme avec justesse la vie et l’ennuie d’une jeune-fille aveuglée par la lumière d’une star du rock’n’roll, envoutée et bientôt sous l’emprise de celui qui lui offrira la plus belle des prisons dorées…
Sortez l’eye-liner, la laque et les vinyles, il est temps de filer à Graceland.

À chaque réalisateur ses petites marottes. Pour Sofia Coppola, pas de débat, c’est l’adoration du spleen, le regard flou et le vague à l’âme. Depuis The Virgin Suicides en passant par Marie-Antoinette ou The Bling Ring, la cinéaste vogue entre les femmes désabusées en quête d’ailleurs. Pour Priscilla, la trajectoire est la même. Si c’est son royal époux, Elvis Presley, qui attire les flash et les paillettes, c’est plutôt la silhouette frêle et minuscule de Priscilla qui aimante Sofia Coppola.

On la découvre à 14 ans, innocente et timide, en pleine rencontre avec The King. D’un flirt nait une amourette qui se transforme en obsession pour elle. Priscilla n’a d’yeux que pour lui, qu’importe l’absence, qu’importe l’attente, elle est toute à Elvis, et Elvis le sait bien. Il fera d’elle une jolie poupée, une tête à coiffer et à maquiller, une fillette à transformer.
Priscilla se doit d’être son plus bel accessoire mais ne pourrait se risquer à sortir de sa vitrine. Si le bleu est sa couleur, le blues est son humeur.

Le film de Sofia Coppola raconte l’emprise silencieuse du King sur Priscilla, cette jeune-fille fleur bleue teintée de blues, figée dans son ennui et dans cette domination qui font sa prison.
Pour elle, on s’attablera autour d’un clafoutis aux myrtilles, une recette sucrée et enfantine ; un simple appareil à flan qui immobilise les baies bleues et se complait à trembler pour celui qui s’apprête à la dévorer.

Avec Priscilla, Sofia Coppola poursuit sa collection de portraits féminins adorés. Lentement, doucement, on décèle la tristesse et l’amertume de la femme sous emprise. Celle pour qui les paillettes auront été des compagnes bien superficielles en attendant de s’émanciper pour, enfin, commencer à vivre sa propre vie. Adieu le pantin et ses apparats, bonjour Priscilla.

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