Comment résister à l’appel du grand écran pour découvrir le dernier Scorsese ?
À 80 ans, le réalisateur n’attend plus qu’une chose : continuer à faire des films et prendre des risques. Loin des longs-métrages polissés et sans âme de certaines firmes, l’amoureux du cinéma poursuit son œuvre en proposant des histoires sombres, des personnages cabossés, des enjeux puissants pour créer des films importants.
Killers of the Flower Moon ne déroge pas à la règle en s’érigeant comme un grand, un très grand Scorsese.
Nouveau Scorsese, nouvelle fresque magistrale ! Toujours férocement attaché à ses thématiques fétiches, le réalisateur nous invite une nouvelle fois à plonger dans l’antre des États-Unis à travers l’histoire sombre et méconnue des Osages, un peuple amérindien écrasé par les blancs. Pas de taxi jaune ou d’immigrés irlandais en pleine construction de son état natal ; cette fois, Martin Scorsese file au cœur des terres et de l’Histoire.
Adapté du livre Killers of the Flower Moon, c’est après plusieurs essais qu’il décidera de réviser son approche pour placer sa caméra du côté du peuple opprimé afin de mieux comprendre l’horreur de cette époque. Devenus l’une des communautés les plus riches grâce à la découverte de gisement de pétrole sur leurs terres, les Osages attiseront la convoitise et la haine de certains blancs qui n’hésiteront pas à user de sournoiseries et de violence pour s’approprier leur fortune.
Parmi eux, le misanthrope manipulateur William Hale (campé par un Robert de Niro toujours impeccable). Sous son air de sage désintéressé se cache le vice le plus terrible. Persuadé de son bon droit, convaincu de sa suprématie, il dirige sans moralité les actes les plus macabres.
À l’inverse de Scorsese, on placera le point de vue du popcorn du côté du Mal pour mieux déchiffrer sa perfidie et son besoin d’écraser pour exister.
On misera sur une recette de colons (ça ne s’invente pas) : un pull pork épicé sur son écrasé de pommes de terre pour l’homme prêt à tout pour anéantir les Osages. Dans la recette comme dans les méfaits, il faut prendre du temps pour parvenir à ses fins.
Le pulled pork épicé de William Hale – avec les conseils experts de la reine du PP : Valérie <3
500g d’épaule de porc pour le peuple traité comme un bétail – qui cuira lentement pour mieux se détacher et nourrir les blancs
70g de sauce barbecue au paprika fumé
1 généreuse pincée de cumin, 1 généreuse pincée de piment, 1 généreuse pincée d’ail, 1 jolie poignée de thym et 1 bâton de cannelle
1 petit verre de cidre
1 oignon pour les larmes qui coulent sur les peaux rouges
Quelques pommes de terre bientôt broyées, à l’image des propriétaires amérindiens
Sel, poivre, beurre
Préchauffez votre four à 140°C.
Dans un bol, préparez votre marinade en mélangeant la sauce barbecue, les épices et le cidre. Coupez votre oignons en quartiers, déposez le dans votre plat. Badigeonnez chaque face de votre viande de marinade. Couvrez la totalement et emprisonnez votre plat dans de l’aluminium avant de le placer au four pour minimum 4h. (Quasi la durée du film dites !)
Peu de temps avant la fin de la cuisson, préparez votre écrasé de pommes de terre ; cuites à l’eau dans leur peau, débarrassées de leur enveloppes puis écrasées à la fourchette avec un peu de beurre et de crème pour la saveur.
Sortez votre viande, effilochez à la fourchette. Ne reste plus qu’à servir et à vous préparez pour un grand moment.
À ceux qui s’effraieront de la durée du film (3h26) il s’agira encore de rappeler que le temps est parfois nécessaire pour traiter de grands sujets, et que le temps reste relatif – on s’émerveille surement d’avantage devant un excellent film qu’on ne s’endort plus rapidement devant un métrage médiocre.
Killers of the Flower Moon est un chef d’œuvre. Les acteurs sont brillants, la photographie fabuleuse et la direction exemplaire. Rien n’est à enlever, surtout pas le final.
Vivement les prochains Scorsese, vivement les prochains risques !
🔍 À (re)découvrir : Un aperçu des coulisses de Killers of the Flower Moon (2min)
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