Le premier mois de l’année fait preuve d’une folle intensité ! Tant du côté du quotidien que des salles obscures, on enchaîne les nouveautés, les sensations, les découvertes… on explore ! Parmi les grandes expérimentations filmiques, le dernier né de Yorgos Lánthimos a de quoi nous bousculer.
Récompensé dans de nombreux festivals, Poor Things est une étrange créature qui mêle récit initiatique et démonstration laborantine fantasque. C’est un Frankenstein au pays de Candide : inédit et terriblement réjouissant, porté par une Emma Stone étonnante !

Prêts pour l’apprentissage ?

On connait la passion du réalisateur pour la distorsion de notre monde. Au fil de ses films il s’amuse à emmener le spectateur dans des contrées inconnues quitte à l’inquiéter, à le déranger ou même à le perdre, parfois. Avec Poor Things, une adaptation d’un conte d’Alasdair Gray, Yorgos Lánthimos fait le pari de nous embarquer dans un univers hors normes dans lequel son personnage principal expérimente le monde avec une naïveté désarmante – aucun code, aucune retenu, un plaisir fou.

Fruit de la démiurgie d’un savant fou qui a sauvé une noyée suicidaire en plaçant le cerveau de son enfant à naitre à la place du sien, Bella Baxter est une femme-enfant comme nulle autre.
Corps adulte et cerveau en ébullition, tout est à apprendre : comment se déplacer, comment interagir ? Bella ne connait aucune barrière sinon celle de son cocon bientôt trop étroit qu’elle éclatera pour se confronter au monde et découvrir avec lui les multiples facettes de la vie.
Au bras d’un amant arrogant, elle traverse le Portugal et la méditerranée à la rencontre de sa sexualité et de la vie en société. A Alexandrie, elle aperçoit la cruauté et la détresse. Au détour d’un bordel parisien, elle prend conscience de sa puissance… Avant de revenir dans son nid, grandit.

Qui de la femme ou de l’enfant représente le mieux Bella Baxter ? Ce serait comment tenter de répondre à la question de l’œuf ou de la poule : un casse-tête sans nom pour le monstre de laboratoire le plus charmant ! Bella est un mélange savoureux d’innocence et d’envie qui s’impatiente de dévorer le monde et toutes ses couleurs !
Pour la Candide avide qui se découvrira à travers les voyages et la sexualité, on mise sur des œufs cocotte colorées.  

Les œufs cocotte façons shakshouka de Bella

Deux œufs aussi frais qu’un nouveau-né
Quelques tomates cerises
Un joli poivron jaune
Deux oignons nouveau
Une gousse d’ail
Une pincée de paprika, une autre de cumin, et une dernière de paprika fumé et de thym
Quelques miette de fromage de chèvre pour le finish – de la recette et du film)
Sel, poivre et tabasco

Commencez par découper vos légumes et émincer votre ail avant de les faire revenir à la poêle avec vos épices et un filet d’huile d’olive. Quand les couleurs et les saveurs ont fini de se mélanger dans un joyeux bordel, débarrassez dans votre récipient et cassez-y un œuf frais et curieux de rencontrer ce beau monde.
Faites cuire au four, au bain marie pendant 10 à 15 min dans un four préchauffé à 200°C.
Veillez à ce que le jaune reste coulant. A la sortie du four, parsemez d’un peu de fromage de chèvre et de vert d’oignon. Assaisonnez avec du sel, du poivre et du tabasco et servez avec une mouillette beurrée. Plaisir enfantin assuré !

Poor Things pourra vous laisser sur le bord de la route ou vous emmener loin, très loin, dans un monde unique et fabuleux où la vie se découvre à travers les yeux d’une Bella affamée de connaissances. Faisant fie de toutes conventions, de toutes restrictions, s’adonnant au seul plaisir d’être, elle respire la joie et la fraicheur. Démesurément merveilleuse, assurément amoureuse. C’est elle qui découvre le sens, c’est elle qui rencontre les pauvres créatures que nous sommes, souvent engoncés dans nos carcans.
Yorgos Lánthimos signe ici son film le plus optimiste, sans perdre pour autant de sa créativité singulière.

🔍 À (re)découvrir : la (très belle) scène de danse de Poor Things (2min)