SAINT OMER – LES OEUFS BROUILLÉS À L’AIL NOIR DE RAMA

J’ai, il faut l’avouer, une certaine affection pour les films de procès ; sur la scène du tribunal se joue parfois l’horreur, le drame ou le thriller. Et le cinéma français se s’y est pas trompé pour gérer d’une main de maitre ce genre à part (La fille au bracelet, Une intime conviction, …).
C’est désormais au tour de la documentariste et réalisatrice Alice Diop de donner sa version des faits du genre avec son attendu, encensé, salué et remarquable Saint-Omer.

Si le cinéma nous a démontré mille fois que toutes les histoires peuvent être portées à l’écran, il a aussi confirmé qu’il requiert un certain talent pour les mettre en lumière. Alice Diop, documentariste hors pair et habituée des sujets sensibles, a choisi de sauter le pas de la fiction pour transformer le fait-divers de Saint-Omer en un long-métrage hypnotique.

Saint-Omer, c’est l’histoire de Rama, une romancière qui prend place en cours d’assise pour assister au procès de Laurence Coly, une jeune-femme accusée d’avoir tué son enfant de 15 mois. Le sujet est posé : lourd et douloureux, sans artifice.
Malgré l’atmosphère glaçante et la réalisation simple, quasi documentaire, la bascule qui se créée, avec le rapport plus intime de la romancière au sujet, offre à l’histoire une lecture bien plus profonde.
Il ne s’agit pas uniquement d’assister au jugement d’une femme, il ne s’agit pas d’expliquer le geste terrible de la mère, mais de saisir toute la complexité du droit à l’ambiguïté.

Le rapport à la maternité de cette Médée naufragée résonne au-delà de sa propre histoire et questionne tout aussi bien Rama, la romancière bouleversée, que toutes les femmes.

Miser sur la simplicité efficace pour la romancière troublée avec des oeufs brouillés à l’ail noir.

4 œufs frais
10 cl de crème semi-épaisse
2 gousses d’ail noir
1 noix de beurre
Sel, poivre

Rien de plus simple et efficace qu’un bol d’œufs brouillés. Ici twist d’un ingrédient secret, presque magique. De l’ail noir pour le son de la douleur, le mystère de sa transformation et la noirceur de l’affaire…

Dans un saladier, battez vos œufs et ajoutez l’ail noir écrasé et votre crème.
Dans une poêle chaude, faites fondre le beurre avant de verser votre préparation. Remuer sans cesse, comme Rama ressasse sans arrêt l’histoire et ses tourments.
Assaisonnez, servez.

Si la réalisation semble académique elle se compose pourtant de nombreux détails qui confirme la finesse et la grandeur d’Alice Diop ; il n’est pas nécessaire de dire ce que l’on suggère, d’expliquer ce qui se comprend.
Il y a dans Saint Omer un immense mystère, une force certaine et un courage politique évident. Un film de femmes, de femmes immigrées, de femmes mères, bien plus puissant qu’un énième erzats racoleur. Subtil et sensible.

🔍 À (re)découvrir : Le discours d’Alice Diop, récompensée du Lion d’Argent à la Mostra de Venise (3min)

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