Étrange monde que celui des médias. Frénétique, éphémère et hypnotique, il fascine autant qu’il écœure. Suffisamment fou pour inviter le cinéaste Bruno Dumont à le décrire à sa façon :
France a le brushing parfait, la bouche rouge et le sourire carnassier.
Devant la camera, elle irradie. Derrière la camera, elle construit. Méticuleusement, elle réfléchi aux plans, aux mots, à tout pour déployer le parfait scénario de son reportage. Information véritable ou scène de théâtre ? Ce qui importe, c’est le frisson qui assurera l’audimat et saura nourrir son ego démesuré.
À la recherche constante des flashs infos et photos – qu’importe que tous soient faux tant qu’ils font briller – France s’attache au paraître comme preuve d’existence. Son milieux baveux ? Elle l’aime, il la dégoûte, elle lui pardonne. Mais au jeu impitoyable des médias, celle qui dévore se fera bientôt dévorer.
À travers le portrait mordant et furieux de la femme, c’est celui d’une société qui déraille que Dumont se plaît à raconter ; France de Meurs est le porte drapeau d’un système puissant et terriblement fragile.
Bleu blanc rouge, une assiette colorée et sanglante idéale pour les vautours !
La bavette des médias – pour deux carnivores :
2 bavettes pour le milieu
1 oignon blanc, 1 oignon rouge pour surmonter le tout de quelques torrents de larmes
1 bouillon de boeuf
50g de beurre
2 salades pour accompagner le morceau de viande que tout le monde s’arrache de quelques mensonges
Sel, poivre
Préparez votre compotée d’émotions… action ! Emincez vos oignons, plongez-les dans une casseroles, ajoutez le beurre, le bouillon dilué dans 40cL d’eau frémissante et laissez cuire et compoter pendant une bonne heure.
Assaisonnez votre viande, jetez-la dans une poêle bouillante – comme pour l’info, on se satisfait d’une cuisson bleu : “le plus rapide c’est le mieux”, soyons vif !
Lavez votre salade, assaisonnez à votre convenance et servez avec la pièce principale recouverte de votre compote – voire accompagnée de quelques pickles pour la note vinaigrée.
Avec France, la satire de Dumont se moque des médias et d’un système tout entier : fascinés par les artifices et le vernis de l’information plus que par le fond, nous voici ancrés dans une société du spectacle, en pleine boulimie de sensations, peu avide de réflexions. Reste à voir le rideau tomber !
🔍 À (re)découvrir : L’empire du moindre mal de Jean-Claude Michéa